Dur réveil aux aurores ce matin. Nous tentons d'être les plus discrets possibles afin de ne pas réveiller la jeune fille avec qui nous partageons notre dortoir, sans succès. Nous gagnons ensuite la gare routière à pied. Comme la ville est calme au petit matin !

Notre bus part pile à l'heure, c'est percutant comme les transports en commun que nous avons pris jusqu'à maintenant en Asie sont ponctuels ! Une minute après notre départ, nous nous arrêtons faire le plein. Curieuse habitude des chauffeurs de bus asiatiques que nous avons déjà observée auparavant.

Nous grignotons de merveilleux gâteaux moelleux à la citrouille et à la noix de coco et à la mangue, avec nos dernières bananes ayant un peu mûri, en regardant la brume se lever sur les sommets qui entourent la ville de Luang Prabang.

Trois quarts d'heure après notre départ, notre bus s'arrête dans un garage. Nous observons, dubitatifs, un jeune homme faire la pression des pneus. Ce départ est quelque peu laborieux... Puis, il nous semble que le bus est un peu secoué. Et nous voyons passer une roue... Qui est plongée dans un baquet d'eau. Bon, il semblerait que nous ayons crevé. La roue repart. Une chambre à air revient dans l'autre sens, prend un bain dans le même baquet d'eau. Peu de temps après, le bus gigote à nouveau. Et, un peu plus tard, nous voilà repartis. Ouf !

Nous parcourons en sens inverse la route qui nous a mené de Phonsavan à Luang Prabang il y a 10 jours. Nous connaissons donc les paysages mais on ne se lasse pas de les admirer. Vertes montagnes à perte de vue, enveloppées de lambeaux de brume que peine à percer le timide soleil du matin. Nous passons l'endroit où nous sommes restés bloqués si longtemps à l'aller à cause du glissement de terrain et nous sommes bien contents de ne pas revivre la même expérience.

Satisfaction de courte durée car... brusquement, le bus s'arrête. Devant nous, quelques véhicules sont à l'arrêt. Une corde barre la route. Nous avons comme une sensation de déjà vu... Peu de temps après, notre chauffeur, qui fume dehors en compagnie de son copilote et d'autres chauffeurs, pique un sprint pour rejoindre le bus en riant aux éclats et presse les passagers descendus se dégourdir les jambes de remonter prestement dans le véhicule. Fausse alerte, la moto que nous avons vue arriver en face de nous et qui a induit les chauffeurs en erreur a probablement simplement fait demi-tour. Nous patientons presqu'une heure que la route soit dégagée.

Nous reprenons enfin la route. Nous roulons un bon moment, toujours dans un décor majestueux. On s'arrête régulièrement pour embarquer des locaux ou des marchandises ou en déposer dans les petits villages traversés. Nous avons pris pas mal de retard mais notre chauffeur roule toujours très convenablement, nous sommes très contents de ne pas avoir affaire à un fou du volant ou un accro du klaxon comme nous en avons souvent eu.

On commence à avoir un peu faim. Notre petit-déjeuner est bien loin déjà. Soudain, le bus stoppe à nouveau. Une file de camions est à l'arrêt au bord de la route. Notre chauffeur double prudemment. Nous apercevons la raison de cet embouteillage : un camion transportant une quantité astronomique de sacs de riz est couché sur la route, en plein milieu d'un virage. Des véhicules attendent en amont et en aval du camion accidenté pour pouvoir passer sur l'étroite bande de bitume non occupée par ledit camion. Et, comme personne ne fait la circulation ni n'aide les camionneurs, un camion citerne est bloqué au milieu et plusieurs petites camionnettes ont voulu se glisser dans les interstices et ont définitivement engorgé la circulation.

Notre chauffeur descend donc, tout guilleret, s'acquitter de cette tâche et cela nous permet de repartir moins d'une heure plus tard...

Heureusement, les paysages sont de plus en plus renversants, ce qui rend le voyage très agréable malgré ces nombreux contre-temps. De gigantesques pics karstiques forment de vertigineuses falaises plus ou moins arborées qui surplombent de jolies rizières où les villageois sont en pleine récolte et où paissent de paisibles troupeaux de buffles d'eau et de zébus. L'ambiance encore un peu brumeuse par endroit teinte ce décor d'une ambiance un peu magique.

Nous sommes ravis quand arrive enfin la pause déjeuner ! Nous engloutissons une soupe au porc et une galette de riz soufflé, qui a dû être frite dans de l'huile rance car elle est vraiment amère.

Nous arrivons à Vang Vieng avec 2 heures et demie de retard. Heureusement que nous sommes partis tôt ! Nous plaignons les passagers qui vont jusqu'à Vientiane et qui ont encore 3 heures de route... si tout va bien ! Nous partons à la recherche d'un hébergement et atterrissons dans une auberge de jeunesse calme, qui a réhabilité des baraquements de l'armée en dortoir. Nous n'avons pas de piscine mais négocions un très bon prix pour un dortoir privatisé. Bon, il sent fort le moisi et les sanitaires sont à l'extérieur mais ça fera l'affaire pour une nuit.

Séance lessive, toilette et repos avant de sortir découvrir la ville et chercher à dîner. La ville est plutôt agréable, bien illuminée, avec quelques rues piétonnes et un petit marché nocturne. Ça change tout de même de Luang Prabang, mais il fait bon s'y promener.

Nous goutons le fameux curry laotien et le pad thaï, plat traditionnel thaïlandais à base de nouilles de riz sautées. Nous nous régalons. Puis, retour à l'auberge de jeunesse pour rattraper le sommeil en retard !