Ce matin, pas de grasse matinée ! Nous quittons tôt notre petit bungalow au bord de l'eau et ses hamacs qui vont sans aucun doute nous manquer. Petit-déjeuner au port, achat de victuailles pour le déjeuner et nous voilà embarqués sur le petit bateau appelé pompeusement "ferry" qui relie Don Det au continent. Au revoir, les 4000 îles !

Une fois de l'autre côté, nous recherchons la personne qui, selon les dires de la charmante laotienne parlant très bien anglais qui nous a vendu les tickets de bus, doit nous attendre à la gare routière, nous faire remplir au calme ici les formulaires nécessaires à la sortie du territoire laotien, à l'entrée au Cambodge et à l'élaboration de nos visas et nous accompagner jusqu'à la frontière cambodgienne. Nous ne trouvons personne. Il est peut-être trop tôt. Nous patientons un peu, puis beaucoup. Les touristes en partance sont de plus en plus nombreux à attendre là.

Une compagnie de transport vient chercher ses ouailles. Pas la nôtre... Puis, une seconde. Toujours pas pour nous. Les "green tickets" sont partis, les "yellow tickets" aussi. Et nous, on est toujours là, avec nos tickets roses et pas de formulaire (ni de bus d'ailleurs). Après presque deux heures d'attente de plus en plus stressante (selon notre charmante vendeuse, justifiées par le remplissage desdits documents), voilà un minivan qui arrive pour nous. Joie. Sauf qu'il y a 12 places assises, 11 passagers et aucune place pour mettre les 11 gros sacs de randonnée. Arnaud voyagera donc pendant une petite heure à demi enseveli sous les sacs... Toujours sans personne de l'agence de voyage pour nous guider, cela va de soit.

Nous rejoignons donc rapidement la frontière entre le Laos et le Cambodge, frontière connue pour être l'une des plus corrompues d'Asie. Nous sommes supposés payer 30$ chacun pour notre visa mais on sait qu'il vaut mieux prévoir plus. On a 40$ chacun mais pas un centime de plus. On espère que ça va passer. Pas le choix... 

Ça commence fort avec le bureau de sortie du territoire laotien qui exige 2$ pour tamponner le visa laotien et certifier notre sortie du territoire (acte officiellement gratuit bien sûr). Les douaniers ont le chic pour faire monter la pression en quelques minutes seulement, avec leur air hostile et leur ton péremptoire. Certains touristes se font molester pour des prétextes divers mais toujours fallacieux. Sachant que c'est notre dernier jour autorisé sur le sol laotien, que les douaniers n'ont rien à perdre et nous si, on ne tente même pas une protestation, on paye et on part vite fait.

On traverse ensuite le no man's land entre les deux pays, qui est d'ailleurs plutôt joli, bien boisé. On a lu qu'il y avait une fausse visite médicale payante qu'il valait mieux éviter. Des femmes en uniforme nous appellent depuis une cahute. Deux jeunes françaises remontées comme des pendules nous confirment qu'il s'agit bien de cela et que ce n'est pas obligatoire pour la suite. On fait donc mine de n'avoir rien entendu et on passe notre chemin. On entre ensuite au bureau de l'élaboration des visas. 

Là encore, les douaniers nous mettent une pression terrible à peine entrés dans le bâtiment. Ils nous réclament 35$ pour le visa. 40$ pour un autre touriste, sous prétexte qu'il est arménien. Ils refusent les billets froissés ou déchirés. Le ton monte, certains s'énervent mais on sait déjà qui est en position de force. On paye donc nos 5$ de racket et on passe au guichet suivant. Tampon des visas d'entrée. On nous photographie, on prend nos empreintes digitales. On a un doute sur la véracité de ce manège car Arnaud tourne la tête au moment où la photo est prise et a les mains qui transpirent tellement que la machine ne parvient pas à lire ses empreintes. Et le douanier, excédé, lui fait signe de laisser sa place au suivant...

Là, on ne nous demande pas d'argent, contrairement à d'autres personnes qui sont passées avant et après nous. Nous étions prêts à refuser énergiquement mais cela ne sera pas nécessaire. Nous avons donc payé 37$ pour ce passage de frontière au lieu de 30, ce qui n'est finalement pas si mal puisque nous avons évité la visite médicale et le second tampon qui auraient dû faire monter la note à 40$. La pression retombe dès que nous sortons du bâtiment en direction du parking (vide) où devrait nous attendre un autre bus (toujours selon notre charmante vendeuse) que nous n'aurons pas de mal à trouver puisque la personne (fantôme) de l'agence sera toujours à nos côtés pour nous l'indiquer... 

Nous sommes contents d'avoir passé cette maudite frontière. Nous cherchons où nous devons attendre notre bus sur ce grand parking bordé de petites échoppes. Nous demandons à une personne qui nous indique la terrasse d'un petit resto. On s'y installe, bien contents de pouvoir se mettre à l'abri de la chaleur torride, mais un monsieur en uniforme (brrrrrr) regarde notre ticket de bus et nous indique de nous rendre dans un autre resto un peu plus loin. Où nous nous rendons. Là, nous déposons nos sacs et le propriétaire regarde notre ticket... et nous indique de nous rendre au resto dont on vient. Voilà qui commence à nous fatiguer et à nous inquiéter un peu. On retourne au premier endroit ("Ah oui, désolé, c'est la même couleur de ticket que l'autre compagnie alors je me suis trompé"... ... ...) et on se pose. Il est 10h50, on déguste un samoussa pour fêter notre passage de frontière. D'après notre charmante vendeuse, le bus devrait arriver incessamment sous peu pour nous emmener à Stung Treng où on est censés déjeuner. Après une heure d'attente, Camille entame ses Pad Thai à emporter et Arnaud une mangue. De nombreux minivans partent autour de nous, Arnaud stressé fait des allers-retours pour aller montrer notre ticket à chaque chauffeur. Mais ce n'est jamais le bon véhicule. À 12h30, un bus arrive, c'est le nôtre, joie ! Sauf que le chauffeur doit d'abord faire sa pause. De rage, Arnaud entame sa seconde mangue.

A 13h, nous partons enfin. Il fait une chaleur intenable dans ce bus (climatisé d'après notre charmante vendeuse) et le chauffeur s'arrête dès que nous ouvrons les fenêtres pour les refermer pour que la poussière de la route n'entre pas dans le véhicule. On est proche du concept de maltraitance... 

Nous arrivons à Stung Treng une heure plus tard. Le bus s'arrête et nous demande de descendre : on change de véhicule.

Là, on attend encore une bonne heure, sans aucune information. Il fait toujours aussi chaud. Des minivans viennent et repartent et on ne sait jamais trop qui doit monter ou non. Finalement, en voilà un qui va à la capitale. Chouette, c'est notre route. On y monte, ainsi que 10 autres personnes. Difficile de caler les sacs à l'arrière puisqu'il y a un scooter dans le coffre. Le chauffeur les cale donc sous et entre les sièges au grand dam des passagers à grandes jambes. On tarde à partir. Puis, 4 autres touristes arrivent. Euh... Il n'y a qu'un siège de libre... Le chauffeur vide le coffre, sort le scooter, installe une banquette supplémentaire (en la posant littéralement SUR les bagages), referme le coffre et attache le scooter à l'arrière du minivan. Nous partons enfin. 

Une demi-heure plus tard, on s'arrête. Le chauffeur ouvre la porte coulissante et cale un gros carton sous un siège. Et fait monter un cambodgien... qui s'assoit comme il peut entre deux sièges (et à moitié sur deux personnes). Ça râle.

On repart. Une demi-heure après, on s'arrête à nouveau. Le chauffeur ouvre la porte, un immense cadre avec un canevas très kitch orné de paillettes dans les bras. Il nous fait signe de nous tasser pour faire monter deux autres passagers. Vague de protestation. Nous sommes déjà 16 dans un minivan 11 places, avec des sacs entre nous et sous nos pieds. Bon, soit, nous serons donc 18 dans un véhicule 11 places pour la suite du voyage... Heureusement, cette fois-ci, on a le droit d'ouvrir les fenêtres ! On est chanceux également car le cadre hideux reste sur les genoux des passagers de la première rangée.

On arrive enfin à 17h à Kratié, notre étape pour cette longue journée, seulement une heure plus tard que ce que nous avait indiqué notre charmante vendeuse. On est ravis de pouvoir se déplier et on plaint ceux qui continuent jusqu'à la capitale (qui changent encore de véhicule). On part à pied trouver un logement et on assiste à un superbe coucher de soleil sur le Mékong (peut-être le dernier d'une longue série, fait judicieusement remarquer Arnaud). On trouve un petit hôtel sans prétention que l'on trouve merveilleux car la chambre est isolée et dispose d'une salle de bain privative (sans eau chaude mais il fait tellement chaud qu'on n'en aurait pas eu l'utilité de toutes façons) !! Le grand luxe !

On prend nos douches (meilleur moment de la journée) et on ressort se promener dans la ville (bien agréable avec ses quais spacieux le long du Mékong) et dîner de délicieuses pâtes fraîches. Pas besoin de nous bercer ce soir (21h20 : Arnaud dort déjà) !