Aujourd'hui, Arnaud réveille Camille à 7h45. Couché très tôt hier soir, il s'est levé bien longtemps avant que le réveil ne sonne.

Nous sortons nos sacs du dortoir, terminons d'empaqueter nos affaires et descendons prendre notre petit-déjeuner dans l'immense cuisine.

C'est très calme ce matin, peu de gens sont déjà levés. Une fois nos tartines de confiture terminées, nous quittons l'auberge et partons à pied en direction de la gare routière.

Nous y arrivons bientôt et attendons l'arrivée de notre bus pour Kofu. Peu après 9h, le voilà qui apparaît et nous prenons place à bord. 

Nous sommes désormais à l'aise avec le système de paiement à bord, qui n'est pas évident à premier abord.

Il faut prendre un ticket en montant et suivre le tarif affiché au-dessus du poste de conduite, qui indique le prix à payer en direct, selon la progression du bus le long du trajet.

On paye donc auprès du chauffeur en descendant du bus, en lui donnant préalablement son ticket. L'important est d'avoir de la petite monnaie.

Nous arrivons une heure plus tard à la gare routière de Kofu. Là, nous rallions la gare ferroviaire et achetons notre billet de train pour Nakatsugawa.

Nous patientons un moment que notre premier train arrive et, peu avant 11h, nous grimpons à bord et c'est le début d'un nouveau voyage, qui prendra fin à Shiojiri, où nous descendons.

Nous y avons une correspondance et peu de temps pour changer de quai. Nous nous faisons renseigner par un agent ferroviaire et arrivons avec un peu d'avance au bon endroit.

Nous en profitons pour acheter deux petites brioches dans un tout petit magasin situé sur les quais et nous installons dans une salle d'attente pour les manger, accompagnées de nos restes d'hier : des cacahuètes et une banane.

Bientôt, notre second train arrive et nous amène jusqu'à Nakatsugawa, où nous arrivons vers 14h.

Entre temps, un conducteur est passé et nous a expliqué que nous n'avions pas le bon ticket pour circuler dans un train Express. 

Devant notre air ahuri, il est reparti en nous demandant de lui accorder 5 minutes et nous avons terminé le trajet à attendre son retour, sans succès.

Nous le saurons pour la prochaine fois : il faut plusieurs tickets par personne pour prendre un train Express au Japon.

À notre arrivée à Nakatsugawa, nous nous rendons à l'Office du tourisme pour demander quelques informations et une carte du Nakasendo, le chemin sur lequel nous allons randonner aujourd'hui et demain.

Nous déposons ensuite notre gros sac dans une consigne à la gare. Nous n'aurons ainsi à transporter qu'un sac plus léger et un tout petit.

Ce n'est pas que nos sacs soient si lourds (ils s'allègent au fil des jours qui passent, quand nous abandonnons des affaires désormais trop abîmées) mais il fait très chaud et cela ne sert à rien de s'encombrer avec des affaires dont nous n'aurons pas l'utilité pendant ces deux jours, sachant que nous repassons par ici au retour.

Peu avant 15h, nous nous lançons enfin sur la Nakasendo. Il s'agit d'une des 5 routes d'Edo (actuelle Tokyo), permettant de rallier Kyoto, durant l'ère Edo (~ 1650-1850).

Elle est aujourd'hui pour partie transformée en itinéraire de randonnée et certaines des 69 villes relais qui s'échelonnent le long du chemin ont été restaurées pour conserver au mieux l'aspect qu'elles avaient durant l'ère Edo.

Nous cheminons majoritairement sur des routes secondaires bitumées très peu empruntées. Il fait très chaud mais la marche est agréable. Nous sommes contents de ne pas avoir trop manger au déjeuner.

À mi-parcours, nous visitons, dans la ville relais Ochiai-juku, le temple Zensho-ji et le temple

Kofuku-ji. Ils n'ont rien d'exceptionnel mais cela nous fait une petite pause.

Nous nous remettons bientôt en route pour rallier la ville relais de Magome-juku. Nous foulons alors un tronçon pavé qui est une relique de l'ère Edo. 

L'endroit est magnifique. Peu avant que nous arrivions à Magome-juku, il se met à pleuvoir. Nous nous abritons un court moment sous un petit refuge, le temps de mettre un imperméable et une protection de pluie sur nos sacs.

Puis, nous repartons car nous n'avons pas trop de temps devant nous. La pluie se fait plus légère et nous apprécions la baisse de température qu'elle apporte.

À l'entrée de Magome-juku, nous nous arrêtons pour visiter le sanctuaire shintô de Suwajinja, signalé par un grand torii de pierre. Une très belle allée bordée de Cryptomeria japonica et de lanternes de pierre mène à ce lieu de culte.

Les bâtiments sont sobres, alliant bois sombre et pierre. L'endroit est désert et un peu mystique. L'humidité liée à la pluie ajoute à l'ambiance feutrée des lieux.

Nous le quittons pour entrer dans Magome-juku. Ce village fait partie des plus beaux en termes de conservation. On se croirait revenus des centaines d'années en arrière.

Ici, pas de bâtiment moderne, pas de fil électrique, pas d'antenne. Les maisons sont magnifiques et leurs jardins japonais également.

Nous sommes tous deux sous le charme et ne regrettons pas d'être venus jusqu'ici ! Le fait qu'il pleuve encore un peu y est peut-être pour quelque chose mais il n'y a quasiment personne dans les rues et nous avons le village pour nous seuls.

Nous nous arrêtons dans la rue principale, dans le ryokan où nous allons passer la nuit. Pour vivre une expérience unique au Japon, nous avons cassé notre tirelire et allons séjourner dans l'une de ces auberges traditionnelles.

À notre arrivée, on nous offre des chaussons et on nous fait visiter les lieux. Cette auberge est composée d'une grande salle à manger, d'un salon avec âtre intérieur, d'une grande cuisine, d'espaces dédiés à la toilette (douches non mixtes couplées à un bain public, lavabos, toilettes) et de huit chambres avec leur salon attitré.

Nous prenons une douche rapide et revêtons nos kimonos, comme le veut la tradition, car c'est l'heure du dîner ! Nous descendons dans la salle à manger et nous installons à notre table attitrée.

Nous avons devant nous dix plats différents, accompagnés de thé vert. Nous commandons un vin de prune local pour fêter l'événement.

Il se révèle délicieux, pas trop fort ni trop sucré, et bien frais avec des glaçons. Nous nous régalons de ces dix plats. Il n'y a pas de fausse note, tout est délicieux, avec parfois des mélanges étonnants de saveurs.

Nous avons de la soupe, une sorte de crème aux œufs salée, des sushis et des makis, des tempuras, des légumes sautés, du poulet au curry, un assortiment de poisson caramélisé, du concombre vinaigré, du tofu braisé et des fruits, le tout accompagné de riz, bien sûr.

Après ce délicieux et très copieux festin, nous allons tous deux prendre un bain. Nous avons la chance de n'y trouver personne (car le bain est très petit pour y entrer à plusieurs) et y restons une petite demi-heure.

Il est difficile de rester plus longtemps car l'eau est très chaude et est maintenue efficacement à cette température. Ce bain chaud et son jet font le plus grand bien à nos muscles courbatus par l'ascension du Fujisan.

Nous passons ensuite une bien calme soirée, Camille continuant la programmation de notre séjour dans le petit salon et Arnaud se détendant dans la chambre.