La nuit fut bonne dans cette grande chambre. Nous n'avons pas eu froid, le fait que nous dormions à 9 dans la même pièce y a certainement contribué. Les fines paillasses n'ont pas suffi à atténuer la dureté du sol en bambou mais la fatigue de la journée en a fait un problème secondaire.

Au petit matin, nous nous réveillons dans un village très calme. Nous sommes accueillis par un petit-déjeuner de rois : nans, guacamole, bananes, oranges et pastèque. Nous nous efforçons une fois de plus à en laisser le moins possible mais il en restera !

Nous quittons le village à 9h, avec moins d'entrain qu'hier car tous un peu courbattus. Néanmoins, la beauté des paysages nous redonne très vite du baume au cœur et les discussions reprennent bon train. C'est curieux d'entendre les conversations se croiser en français, anglais, allemand et néerlandais.

Cette matinée nous offre moins d'admirables panoramas sur la vallée que celle d'hier mais plus de traversées de villages où nous pouvons apercevoir des tranches de vie des populations rurales locales. Ici, les femmes portent souvent un tissu de couleur vive enroulé sur le sommet de la tête et les gens sont toujours aussi beaux.

On voit des villageois décorer un temple en vue d'une fête, des travaux des champs (battage manuel du blé), des animaux de la ferme, des habitats traditionnels. Et des gens souriants partout.

On s'arrête déjeuner des nouilles frites, de la soupe de gingembre, des tomates crues à la cacahuète, des légumes croquants et des fruits, encore une fois délicieux et en trop grande quantité. 

Jerry étant un peu souffrant alors que c'est le jour de son anniversaire, nous nous reposons pendant qu'il fait une sieste. Puis, on reprend notre chemin une fois qu'il est à nouveau sur pieds.

Nous n'allons pas loin : une demi-heure de marche avant d'arriver à la rivière où nous faisons une pause baignade (totale ou partielle, selon le courage de chacun). C'est l'occasion d'observer les femmes laver leur linge, les enfants jouer dans l'eau, les hommes pêcher et les buffles d'eau savourer leur bain quotidien. 

Ce rafraîchissement est vraiment bienvenu car la chaleur du soleil est accablante et il n'y a aucune ombre sur notre chemin. Même les plus bronzés d'entre nous doivent mettre de la crème solaire pour ne pas brûler.

Nous reprenons bientôt la route. Il reste une heure de marche avant d'atteindre un village où nous attendent des boissons fraîches. Nous traversons à nouveau de très beaux paysages : terre ocre et végétation jaunie, terrasses peuplées de buffles et de zébus au pâturage, champs de piments, jeunes vergers d'avocats, végétaux de la famille des radis dont les fruits sont utilisés pour extraire de l'huile alimentaire.

Nous arrivons bientôt au fameux village et nous asseyons autour d'une table pour déguster bière ou soda frais. Jeroen, Din et Mathilde se relaient à la guitare et, parfois, on chante. Jerry nous offre une belle complainte. Léonore est malade, elle se repose sur une paillasse. 

Lorsque nous repartons, elle ne se joint pas à nous : une moto-taxi la conduira au monastère où nous passons la nuit. Nous marchons encore une petite heure avant d'arriver au monastère, imposant groupe de bâtiments austères. Nous nous installons dans la salle principale du bâtiment central, construit en bois sur pilotis, dans laquelle ont été pendus des draps pour délimiter des espaces séparés pour les différents groupes qui dorment là cette nuit.

Là encore, nous avons une paillasse et deux couvertures chacun, à même le sol. Cela s'avérera un excellent couchage. Les sanitaires sont assez loin dehors et dans un état de propreté qui laisse vraiment à désirer, même après 5 mois de voyage... Nous limiterons donc au maximum leur utilisation.

Nous dînons dans un petit réfectoire ouvert sur l'extérieur, très agréable, assis par terre autour d'une très basse table. Nous sommes une fois de plus vraiment gâtés : riz et soupe pour chacun, poulet aux légumes, choux-fleur, tomates aux cacahuètes, purée de citrouille. Et nougat au sésame en dessert avec le petit thé qui va bien.

Après ce très copieux repas, nous restons un bon moment autour de la table, presque dans l'obscurité, à discuter et plaisanter. Puis, nous rentrons nous coucher et nous endormons très vite, effet d'une seconde journée de 20 km de marche... Et tant mieux car Jerry nous a averti que les moines se mettent à chanter dans la salle où nous dormons à partir de 6h le matin.