Une fois n'est pas coutume, nous partons ce matin en taxi pour rallier la frontière birmane, située à 9 kms de Mae Sot. Nous arrivons sans encombre au petit poste frontière de Myawaddy vers 8h. Il n'y a presque personne aux bureaux des douanes thaïlandaises, nos passeports sont tamponnés en un rien de temps.

Nous traversons ensuite à pied le pont de l'Amitié, qui relie les deux pays. Bien plus agréable que les no man's lands que nous avons pu traverser entre Vietnam, Laos, Cambodge et Thaïlande. Nous arrivons rapidement aux bureaux de l'immigration birmans. Là encore, nous sommes les seuls. Là encore, les formalités sont accomplies en rien de temps, sans pression et sans racket.

Nous nous retrouvons bientôt en territoire birman, où nous nous équipons de la monnaie locale, le kyat, et nous achetons nos billets de taxi collectif pour nous rendre à Hpa-An. Nous patientons un moment dans le local de la compagnie de taxi, qui n'est autre que le rez-de-chaussée de la maison d'une famille qui se prépare pour sa journée.

On nous sert un café fort bienvenu avant de nous mener à notre taxi collectif. Il s'agit d'une petite Toyota courageuse qui porte un frigo sur son toit. Nous serons ses trois seuls passagers pour ce trajet. Notre chauffeur très souriant ne parle que quelques mots d'anglais. Nous nous arrêtons peu de temps après notre départ pour faire la pression des pneus, puis pour faire le plein.

Nous voilà partis pour de bon. Pendant le premier tiers de notre périple, la route est très bonne. Puis, après une petite pause café-toilettes-dépliage de jambes, elle se transforme en piste poussiéreuse et nous admirons notre chauffeur qui s'applique à éviter au mieux les trous dans la piste, concentré sur sa route à grand renfort de tabac et de bétel.

Au second tiers du voyage, nouvelle pose toilettes. Notre chauffeur nous demande par signes si l'on veut déjeuner mais il est encore bien tôt pour nous ! Alors que nous nous approchons de notre destination, il devient tout joyeux (le bétel aidant ?) et nous met de la musique qu'il accompagne bientôt en chantant.

Nous adorons tous trois ce voyage de 4 heures. Les paysages sont superbes, très ruraux, l'habitat est majoritairement composé de maisons en feuilles ou en bambou, le relief est varié (dans la vallée, prairies et champs, encadrés par de basses montagnes et troués de pics karstiques isolés), la végétation luxuriante, les vendeuses de rue proposent des mets inconnus, les locaux qui nous voient nous dévisagent puis nous sourient, les touristes ne doivent pas être très nombreux par ici. Ce dépaysement nous fait du bien !

Nous arrivons bientôt à Hpa-An, où nous établissons nos quartiers dans le dortoir d'une guesthouse. Nous repartons immédiatement en ville en quête de notre déjeuner. Nous nous arrêtons dans une petite échoppe de rue devant laquelle s'alignent les marmites, comme au Cambodge. Assiette de riz avec des œufs en sauce pour Lise et Camille et de la viande pour Arnaud. Avec des crudités et des sauces très épicées, parfait !

Nous partons ensuite à la découverte de la ville à pied, nous passons devant une mosquée, plusieurs temples bouddhistes, un temple hindou et une église. Les gens que nous croisons reflètent la même diversité culturelle : certaines personnes ont les traits d'Asie du Sud-est, d'autres les traits indiens, certain(e)s ont la peau enduitent de pigments ocres, certain(e)s portent des étoffes nouées autour de leur taille, certains portent des kipas, certaines des voiles, d'autres des jupes courtes.

Beaucoup de regards, beaucoup de sourires, de Hi !, de Mingalaba !, de coucous de la main. Nous faisons le tour d'un joli lac (qui contraste avec la terre, si sèche !) dans lequel des gens pêchent, abrités sous un joli chapeau conique à deux angles, puis on flâne au marché.

Ensuite, on part visiter la campagne toute proche, en suivant la calme rivière empruntée par quelques barques. On déguste de sortes de petits fruits entre la prune et la pomme, marinés dans une sauce pimentée et que l'on trempe dans un mélange de sucre, de sel et de piment. C'est délicieux mais cela ne nous aide pas à moins souffrir de la chaleur.

On fait bientôt demi-tour et on rentre par les terres, où on trouve partout des gens qui travaillent dans les champs, parfois seuls, souvent collectivement. On récolte la paille, les cacahuètes, on prépare les sols... Et, partout, on se redresse pour nous saluer.

De retour à notre guesthouse, on monte sur le rooftop pour profiter du coucher du soleil sur la ville et la rivière. Après un peu de repos, on ressort pour dîner et faire un tour à ce qui ressemble à une fête foraine. On y voit un manège, des jeux d'adresse où les lots pour les gagnants sont des cigarettes (!?), de la nourriture salée (beaucoup d'abats, de viande en général, surtout des pieds, oreilles et grouins de porc, des samoussas) et sucrée (galettes de riz soufflé, pâtisseries à base de riz ou de semoule, boissons inconnues de toutes les couleurs).

On goûte une sorte de pancake délicatement relevé avec des graines ressemblant à du pavot puis on rentre à la guesthouse pour terminer la soirée avant une bonne nuit réparatrice.