Comme c'est le week-end, nous avons décidé de ne pas poursuivre notre visite des temples d'Angkor, car il semble que le nombre de visiteurs soit plus élevé en fin de semaine. Nous avons donc jeté notre dévolu sur la visite d'autres temples, plus éloignés de Siem Reap.

Nous sommes partis assez tôt en vélo à travers la campagne cambodgienne pour un superbe trajet d'une bonne heure et demie afin de rejoindre un endroit stratégique pour commencer à faire du stop. En effet, le temple que nous souhaitons visiter, Banteay Srei, est situé à une quarantaine de kilomètres de notre guesthouse, ce qui nous a poussé à trouver un autre moyen de locomotion.

Nous avons rapidement quitté l'urbanisation pour retrouver des rizières, des pâtures parsemées de buffles d'eau, de zébus et de palmiers, des habitats traditionnels et les cambodgiens qui voient peu de touristes, avec leurs sourires et leurs saluts joyeux. Nous avons commencé par rouler sur une route goudronnée, qui s'est rapidement transformée en piste couleur ocre puis en tous petits chemins.

Arrivés à notre but, nous avons abandonné nos vélos sur un terrain vague et avons tendu le pouce au bord de la route. À 10h, il faisait déjà une chaleur torride et notre endroit stratégique n'offrait pas d'ombre... Fort heureusement, un monsieur conduisant une petite moto affublée d'une remorque permanente et transportant des matériaux de construction s'est arrêté et nous a fait signe de monter. Il restait une place confortable pour s'assoir à son aise à l'arrière de la remorque : parfait !

Ce moyen de locomotion roulant à 35 km/h convient idéalement pour admirer béatement le magnifique paysage. Les locaux s'esclaffaient et nous faisaient coucou en nous voyant dans la remorque. Cela ne doit pas arriver souvent. Rapidement, un monsieur en scooter est venu se coller à l'arrière de la remorque pour discuter avec nous et nous donner plein d'informations sur la location des temples alentours et comment nous y rendre.

Peu de temps après, nous avons été déposés à une intersection et avons dit au revoir à notre chauffeur et à notre ami bavard. À peine le temps de tendre le pouce à nouveau et un monsieur en scooter s'est arrêté en même temps qu'un 4x4. Ne vous bousculez pas pour nous messieurs dames ! Les conducteurs ont discuté entre eux et le 4x4 est reparti. 

La communication avec le conducteur du scooter était très compliquée. Nous nous sommes assurés qu'il comprenne où nous voulions aller et, le temps de régler les amortisseurs pour accueillir des passagers, nous voilà à 3 sur un courageux petit 2 roues. Nous nous arrêtons tout d'abord déposer les courses du monsieur chez lui puis nous repartons.

Ça commence à nous paraître étrange quand il quitte la route principale pour se diriger vers l'ouest alors que le temple se trouve au nord. Nous lui demandons de s'arrêter pour lui montrer où nous allons et lui répéter que nous n'avons pas d'argent. Il acquiesce et reprend sa route. Nous sommes de plus en plus convaincus qu'il ne fait la route que pour nous emmener et ça nous gêne beaucoup. Il reste 25 km pour arriver au temple et on s'en éloigne.

Nous finissons par lui demander de s'arrêter à un endroit où nous pouvons trouver quelqu'un qui parle anglais pour s'assurer qu'il a bien compris que l'on fait du stop et que l'on ne va pas le dédommager pour son carburant. Heureuse initiative car il n'avait effectivement pas compris. Nous lui présentons toutes nos excuses et il rentre chez lui.

Nous sommes dépités de ce malentendu. De plus, nous nous trouvons maintenant sur une route bien moins propice à faire du stop, nous avons perdu pas mal de temps et ça serait compliqué de retourner à nos vélos à partir du lieu où nous nous trouvons. Un camion s'arrête bientôt et accepte de nous faire monter sur son toit mais les chauffeurs de tuk-tuk qui nous ont démarché et sont mécontents de nous voir refuser leurs services le font fuire. Dégoûtés, nous nous éloignons des tuk-tuk.

Peu de temps après, s'arrête un tuk-tuk reconverti en transport de marchandises et de colis divers, qui transporte déjà un local. Il nous fait signe de nous faire une petite place dans sa remorque et nous voilà repartis ! Là encore, on roule doucement mais on est trop contents d'avoir pu repartir dans la bonne direction ! En plus, cette remorque est couverte d'une bâche qui nous protège partiellement du soleil.  

Il nous dépose à la ville de Banteay Srei. Nous marchons donc 2,5 km sous un soleil de plomb pour atteindre le temple. Nous y parvenons à 12h30, le moment idéal pour le visiter au calme. Banteay Srei signifie en khmer "citadelle des femmes", c'est un édifice brahmanique shivaïte de plain-pied datant de la seconde moitié du Xième siècle. Il est célèbre pour sa couleur rouge car il est fait de grès rose et de latérite et pour la finesse de ses gravures. Nous l'avons adoré. Nous ne savions pas où donner de la tête tant les frontons, murs, portes, piliers, marches, statues étaient finement sculptés avec moult petits détails très bien conservés. L'accès à la partie la plus centrale du temple était interdit, limite matérialisée par un cordon, et, paradoxalement, cela nous a permis d'en profiter davantage en prenant du recul sur l'ensemble de l'édifice. 

Ce temple étant de petite taille et une vraie fournaise, nous ne nous y sommes pas éternisés. Nous avons repris la route pour trouver à déjeuner (délicieuse soupe de nouilles au curry avec du thé glacé et des végétaux crus à volonté, parfait !), puis un nouvel endroit stratégique pour rentrer en stop à nos vélos.

Là encore, il n'a pas fallu 5 minutes pour qu'un camion s'arrête et nous voilà repartis. Arnaud est ravi, il voulait monter dans un camion. C'est chose faite et nous prenons une sacrée hauteur sur les choses ! Nous avançons un peu plus vite que ce matin et récupérons sans encombre nos vélos après moins d'une heure de route.

Nous allons ensuite visiter quelques temples du groupe des Roluos, sur notre route du retour (il s'agissait de notre plan B si le stop n'avait pas fonctionné). Ce groupe de temples date de la fin des années 800. Ils sont les plus anciens temples en pierre des Khmers et représentent le début de l'art classique au Cambodge. Tout d'abord, nous visitons Bakong, un temple-montagne avec de jolis sculptures d'éléphants et de lions, puis Preah Ko.

Puis, nous ressentons une certaine fatigue sans doute liée à la chaleur si bien que l'on prend la route du retour. À nouveau, la magnifique campagne, les sourires et les saluts. Quand on arrive à la guesthouse, on se jette sous la douche car les pistes nous ont crépi de poussière ocre. Lessive intégrale et repos. Un bon dîner, une glace, un peu de préparation pour la suite histoire de ne pas perdre la main et au dodo.