6h30 : on tombe du lit pour être fin prêts pour le pick-up du bus qui doit nous mener à la frontière thaïlandaise. On engloutit une banane et un café, on libère la chambre et on s'installe dans le canapé du si convivial espace commun pour attendre. On a demandé à Visal d'appeler la compagnie de bus pour confirmer notre trajet et l'adresse de sa guesthouse (peu connue car elle vient d'ouvrir). Ce n'était vraisemblablement pas superflu car nous avons cru deviner au son de sa voix que l'on nous avait un peu oublié (ou que quelque chose clochait, en tous cas).

7h20 : le bus arrive enfin à la guesthouse. Pour être fin prêts, on est fin prêts. Visal nous accompagne et nous prenons tristement congé de lui. Nous sommes les premiers dans le bus.

8h40 : le bus prend enfin la route après avoir fait le tour de nombreux hôtels et attendu bien des retardataires. D'ennui, Camille a déjà terminé tous les petits gâteaux chinois constituant son petit-déjeuner. Arnaud la talonne de près.

8h50 : le bus est bloqué dans un embouteillage causé par un interminable défilé d'écoliers. Heureusement qu'il n'y a plus de gâteaux car on aurait sans aucun doute attrapé un mal de ventre mémorable si on en avait mangé pendant tout le temps où on s'était ennuyé.

11h00 : le bus s'arrête pour une pause déjeuner. Camille craque pour un bambou fourré au riz gluant agrémenté de lait de coco et de haricots rouges et un sachet de bananes séchées, ne sachant pas si cette journée allait ou non nous offrir l'opportunité de déjeuner. La suite lui donnera raison...

11h40 : le bus s'arrête prendre de l'essence, tous les passagers descendent et s'éparpillent, on tarde à repartir et on commence à trépigner.

12h10 : on arrive enfin à la frontière. On récupère nos sacs et on file aux douanes cambodgiennes. Va-t-on se faire racketter pour un tampon de sortie du territoire ? Le bureau des douanes cambodgiennes est bondé mais ça avance rapidement tout de même. Les douaniers ne sont pas souriants (faut pas rêver non plus) mais ils ne mettent pas la pression comme le mois passé à la frontière entre Laos et Cambodge. Scan du passeport, prise des empreintes digitales, deux coups de tampon et au revoir messieurs ! Aucune tentative de racket, c'est fort surprenant... Cette fois-ci, Arnaud a pu laisser une trace de ses empreintes malgré des mains toujours aussi moites. En revanche, il a dû changer de guichet de douane en cours de route car son passeport n'a pas pu être scanné. Arnaud serait-il touché par la malédiction des frontières ?

14h20 : après plus de deux heures à faire la queue pour deux tampons, on sort des bureaux de l'immigration thaïlandaise ! C'était si long ! Heureusement que l'on a pu rigoler un peu avec un couple de retraités australiens dans la file. Là encore, pas de racket. Il y avait même un panneau "no tips please" affiché sur un des guichets !

15h00 : après avoir erré dans la ville en quête d'information sur les bus se rendant à Korat, on finit par se rendre à l'évidence : ils ne partent pas du centre-ville, ni de la gare routière située à 1 km, mais bien de celle qui se trouve à 6 km. Une fois n'est pas coutume : la journée va être longue et on ne connait pas les horaires des bus en direction de Korat, on s'offre donc les services d'un tuk-tuk. Heureuse initiative car le chauffeur se renseigne une fois arrivé à la (grande) gare routière et nous dépose exactement à l'endroit où doit arriver notre bus, dans dix minutes. Beau timing.

15h30 : on grimpe dans le bus local en direction de Korat qui arrive effectivement à l'heure annoncée. 5 heures de bus dans les conditions de transport les plus rocambolesques que nous ayons connues depuis le début de notre voyage. Quand on monte dans le bus, on n'arrive même pas à voir s'il y a des sièges ou non. Il y a des montagnes de marchandises entassées jusqu'au plafond et on distingue des passagers plus ou moins assis entre ou sur les paquets. Impossible de savoir combien ils sont. On a l'impression d'entrer dans une caverne. L'assistante du chauffeur nous installe sur le petit espace à côté du chauffeur. Vous savez, là où il y a le vide-poche et le levier de vitesses... Arnaud est assis sur une demie fesse et Camille attrape un torticolis à regarder la route. Mais on ne peut pas se plaindre car d'autres passagers montent après nous et sont debout dans des positions tout à fait précaires, sur la pointe des pieds. Comme on commence à en avoir l'habitude, le bus continue à prendre des passagers alors que l'on aurait juré qu'il n'y avait plus un centimètre carré de place à l'intérieur. Et pourtant, montent encore deux femmes très volumineuses (qui s'assoient peu ou prou sur nous), puis sept collégiens et leur volumineux cartables (ça rigole bêtement, se tortille et sent fort les hormones), puis une dame âgée avec un gros sac lourd. Survivre plusieurs heures dans une atmosphère suffocante et surchauffée avec approximativement 15 centimètres carrés d'espace vital, c'est possible, parole d'experts ! 

La nuit arrive et le bus se vide peu à peu de ses passagers et de quelques colis éléphantesques. On découvre alors qu'il y a bien des sièges dans ce bus et que nous sommes une quinzaine de passagers encore dedans. Nous ne quittons pas pour autant nos places, nous nous y installons seulement plus confortablement. 

On profite d'un arrêt livraison pour acheter une espèce de galette soufflée. Il n'y a rien d'autres sur les stands de rue alentours qui nous semble mangeable sans couverts dans un bus. Nous sommes heureux d'avoir désormais des vessies et des estomacs à toutes épreuves, capables de résister sans douleur à des heures de trajet sans pause. 

Nous mangeons nos galettes. Ce n'est pas mauvais mais un peu sec. On a des doutes sur le fait que cela soit conçu pour servir de nourriture aux humains car tous les passagers du bus, chauffeur et assistante compris, nous dévisagent et font des commentaires avec des intonations d'étonnement très appuyées. L'assistante du chauffeur en prend un morceau pour goûter et n'aime très visiblement pas du tout ça. Cela fait beaucoup rire les autres passagers du bus.

20h10 : on arrive à Korat. Le très gentil chauffeur de notre bus nous accompagne dans la (grande) gare routière et nous aide, non sans peine, à trouver la compagnie qui pourrait nous amener à Pak Chong. Nous apprenons une bonne et une mauvaise nouvelles : la bonne est qu'il y a encore un bus qui part ce soir pour Pak Chong malgré l'heure avancée. La mauvaise, c'est qu'il part à 22h20 et arrive à 00h30. Or, on n'a pas réservé d'hébergement à Pak Chong et on craint de se retrouver dans la rue au milieu de la nuit. 

On n'arrive pas à se connecter à un wifi pour réserver quelque chose. Il y a des spots internet partout mais nous ne parvenons pas à nous y connecter. Il semblerait qu'il faille entrer son numéro de carte d'identité thaïlandaise comme identifiant. C'est donc râpé pour nous...

On hésite donc à rester dormir sur place mais le bus pour Pak Chong ne part qu'à 10:00 le lendemain matin et cela nous semble dommage de ne pas pouvoir profiter davantage du parc national dans lequel nous souhaitons passer nos trois premiers jours en Thaïlande... 

On décide donc de partir à la recherche d'un hébergement à Korat. On marche un moment le long d'un gros boulevard passant. On est crevés, on voudrait juste que cela s'arrête mais ce n'est pas encore terminé. Le motel que nous avions repéré dans le coin n'existe visiblement plus et le seul autre hôtel que nous voyons dans les environs est très luxueux.

De rage, on rentre à la gare routière. On se sépare pour trouver un wifi. Et là, miracle, tout se décoince : on trouve un wifi chacun, on réserve une chambre et on achète nos tickets de bus une demi-heure avant son départ.

22h00 : on avale une soupe en quatrième vitesse.

22h20 : on grimpe dans un bus grand standing en direction de Pak Chong. On est aux antipodes par rapport à notre bus précédent : personnel en chemise-cravatte, bus spacieux, presque vide, bouteilles d'eau, couvertures, climatisation, toilettes. Les VIP ont même droit à un petit panier repas.

23h30 : on arrive à Pak Chong une heure plus tôt que prévu. Chouette ! On rejoint à pied notre hôtel miteux (le moins cher de la ville et le plus cher dans lequel nous ayons séjourné depuis le début de notre voyage), on prend une bonne douche froide et on ne fait pas de vieux os !

De ce que l'on en a vu pour l'instant, en Thaïlande, les routes sont en très bon état, c'est très propre (politique fort dissuasive appliquée ici en matière de déchets jetés sur les espaces publics), on peut manger dans la rue à toute heure, presque rien n'est écrit en alphabet latin et on a du mal à trouver des gens qui parlent anglais. Mais les thaïlandais semblent souriants, gentils et désireux d'aider.