Nous avons bien fait de changer de chambre, les bruits de la rue nous ont réveillés, mais plus tardivement. Après un copieux petit-déjeuner, nous avons enfourché nos vélos et sommes partis en direction de la gare routière pour prendre des renseignements pour demain.

Une fois notre mission accomplie, nous avons repris la route à destination du pont U Bein, le plus long pont en teck de Birmanie, qui traverse le lac Taungthaman. Sur la route, nous avons pu voir des personnes qui fabriquaient des nattes en bambou. 

Nous avons observé toutes les étapes du processus, de la découpe des bambous à la longueur voulue jusqu'au tressage, en passant par le fendage, l'égalisation et l'aplatissement des morceaux. Nous avons également fait une courte halte pour prendre le frais dans une jolie petite pépinière. 

Une fois arrivés au bord du lac, nous avons garé nos vélos et avons parcouru le pont sur toute sa longueur (1,2 km) dans un sens, puis dans l'autre. Le bois ayant servi à la construction de ce pont fut récupéré des palais d'Inn Wa et de Sagaing.

Au retour, nous avons cheminé à terre (vive la saison sèche) sur une partie du trajet pour pouvoir observer la structure du pont. Une fois remontés sur le pont, nous avons fait une pause sur l'une des petites plateformes couvertes et pourvues de bancs qui ont été judicieusement construites de loin en loin sur cet ouvrage.

Nous nous sommes ensuite promenés dans les alentours et sommes allés visiter le monastère Mahagandhayon, paisible lieu où s'alignent de charmantes petites maisons autour desquelles sont étendues des centaines de mètres de tissu rouge, les habits des moines bouddhistes.

Nous avons repris les vélos en direction du sud. En chemin, nous sommes passés par hasard dans un village de tisserands. Nous avons tout d'abord vu les fils colorés sécher au soleil sur des treilles en bambou.

Nous avons vu aussi l'eau sombre couverte de mousse violette qui s'écoulait du village vers le lac. Puis, nous avons entendu le bruit des machines et nous sommes entrés dans un atelier où de gigantesques métiers à tisser fabriquaient des kilomètres de tissus grâce à l'énergie électrique.

Il en faut du tissu pour vêtir les birmans ! En Birmanie, hommes et femmes portent le longyi, sorte de jupe constituée d'une unique pièce de tissu. Nous avons ensuite poursuivi notre route jusqu'à un embarcadère où nous avons attaché nos vélos.

Nous avons pris place à bord d'un petit ferry qui nous a permis de traverser le Myitnge, un affluent de la rivière Irrawaddy, pour rejoindre la cité royale de Inn Wa. Là, nous avons tout d'abord visité le monastère Maha Aung Mye Bonzan, joli bâtiment en brique dont l'architecture imite celle des monuments en bois, couvert d'un crépis jaune partiellement taché de lichen noir, l'ensemble produisant un bel effet visuel. Ce monastère fut construit par Namadaw Me Nu, la première femme du roi Bagyidaw, à l'intention du vénérable moine Nyaunggan Sayadaw.

Nous nous sommes arrêtés en face de ce monastère pour un déjeuner aussi frugal que celui d'hier, nos estomacs étant toujours retors et la chaleur nous ôtant l'envie de manger. La pagode récente voisine était le lieu d'une fête bouddhiste et Camille, qui passait par là en quête d'une fontaine à eau, s'est fait alpaguée et offrir une glace à déguster en l'honneur du Bouddha. 

Nous avons ensuite pris le chemin de la pagode Shwedigon Paya, sur laquelle nous avons grimpé pour admirer la vue sur les environs. Cette ancienne cité royale est un endroit fort plaisant : les bâtiments archéologiques sont disséminés dans une campagne grouillante de vie (villageois aux travaux des champs, bétail au pâturage, habitats dispersés) et les touristes se déplacent en calèche si bien que l'aspect authentique du lieu est plus prégnant qu'à Angkor par exemple.

Ensuite, nous avons rejoint à pied sur les chemins poussiéreux le complexe de pagodes Yadana Hsemee, alliant avec élégance vestiges archéologiques et végétation luxuriante. Puis, nous avons visité le monastère Bagaya Kyaung, impressionnant bâtiment en teck construit en 1834, reposant sur de monumentaux pilotis d'une seule pièce. Là encore, comme hier, les sculptures nous ont ravis.

Enfin, nous sommes allés découvrir la pagode Daw Gian avec ses jolis lions gardiens. Ce fut alors l'heure de retourner à l'embarcadère, où le ferry nous a ramenés à nos vélos. Nous avons fait le trajet du retour d'une traite pour tenter d'arriver avant la nuit, ce que nous avons réussi de peu !

Nous étions ravis de pouvoir prendre une douche, couverts de poussière que nous étions et lassés de nos quelques 50 kilomètres en vélo et 10 kilomètres à pied de la journée. Nous sommes ressortis dîner peu de temps après et avons choisi un petit restaurant inconnu. 

Là, on nous a apporté des portions gargantuesques, en particulier la soupe de Camille qui était servie dans un énorme saladier ! Malgré l'aide d'Arnaud (dont le riz frit était également fort copieux), nous sommes repartis avec un doggy bag contenant la moitié de la soupe !

Gageons que la nuit va être bonne !