La nuit a été un peu difficile : Camille a réussi à dormir quelques heures dans le hamac avant d'effectuer une migration nocturne vers Arnaud qui dormait sur une natte car elle avait plutôt froid, Arnaud a également ressenti le froid. On n'est définitivement plus habitués à passer une nuit à moins de 20°C !

Peu importe, nous avons pris un délicieux petit-déjeuner préparé par Vanna, de bonne heure et de bonne humeur ! A 8h30, nous voilà partis pour une journée de trek. Nous traversons des plantations d'arbres à noix de cajou et de bananiers et d'étranges paysages tout jaunes. Il s'agit en réalité de rizières situées sur des pentes ou des plateaux, le riz ayant déjà été récolté. Cette variété de riz qui ne pousse pas les pieds dans l'eau est endémique de Mondulkiri. Ses grains sont plus gros que les autres variétés de riz et ont un goût différent. 

Nous atteignons enfin la jungle vers 11h. Les oiseaux chantent, il fait beau mais beaucoup moins chaud qu'hier (il a plu un peu ce matin au petit-déjeuner), un vent rafraîchissant nous accompagne, temps idéal pour marcher ! C'est la première (et ce sera probablement une des seules) fois où nous avons un guide pour nous tous seuls et on est ravis ! Vanna est un quarantenaire très exubérant qui ne fait pas du tout son âge. Son anglais rudimentaire est parfait pour Arnaud et il est avide d'apprendre des mots en français. Il en connaît d'ailleurs déjà pas mal et notre cheminement est ponctué de "ça va ?", attention la tête", "attention ça glisse", "attention racines", "attention ne pas tomber", "c'est parti mon kiki", "on y va ?" et de grands éclats de rire. Il répond volontiers à nos questions et nous apprenons beaucoup sur le vie rurale dans la province de Mondulkiri.

Nous nous arrêtons à une jolie cascade pour déjeuner. De nombreux locaux ont eu la même idée, l'endroit est cependant paisible mais nous n'osons pas nous baigner (il ne fait pas si chaud et la perspective de se mettre à l'eau toute habillée et de devoir continuer ensuite le trek dans des vêtements mouillés n'enchante pas Camille). Nous faisons un petit tour de la cascade pendant que Vanna, refusant une fois de plus notre aide, cuisine le repas avec des ustensiles fabriqués dans les morceaux de bambou que nous avons apportés jusque là. Ce midi, nous partageons une excellente soupe d'aubergine disposée dans un tronçon de bambou au centre de la table et chacun a sa feuille de bananier dans laquelle se trouve du riz blanc agrémenté de délicieux morceaux d'omelette et de poulet. Encore une fois, la qualité et la quantité sont au rendez-vous et on s'efforce de tout terminer ! Nous goûtons ensuite les ramboutans, autre variété de litchis, que nous apprécions beaucoup bien que nous n'ayons vraiment plus faim !

Pas de hamac cette fois-ci et on doit admettre que ça nous manque. On reprend notre marche bien moins légers. On va voir une seconde cascade, bien plus haute, avec de beaux orgues basaltiques. Le cadre est vraiment magnifique. Puis, une troisième, une petite heure plus tard. Nous passons entre cette dernière et la paroi, ce qui est surprenant. On a l'impression de voir le monde depuis l'autre côté du miroir. Là, Vanna nous abandonne quelques temps pour aller récolter du guano de chauve-souris dans la grotte située derrière la cascade pour fertiliser son jardin. Malin. Si on avait encore eu un jardin, on en aurait fait autant.

Puis, on reprend notre chemin. Nous sortons de la jungle et retrouvons des bambous. À l'occasion d'une pause, Vanna nous raconte que les Khmers consomment des excréments de poissons dans la soupe. On ne sait pas s'il blague ou non mais on finit par penser que non...

Nous ressortons bientôt de la forêt pour retrouver les plantations de riz jaunes, les vergers et cette si jolie terre ocre. Nous traversons à gué une rivière et arrivons bientôt au village où se trouve notre campement d'hier soir. C'est là que l'on remercie Vanna pour sa gentillesse et sa joie de vivre et qu'on rentre à Saen Monourom pour la nuit (dans un lit douillet) !