Ce matin encore, notre réveil sonne à 8h. Cette nuit a été aussi tranquille que la précédente. Nous dégustons notre petit déjeuner, toujours aussi bon, en nous réveillant doucement. 

Puis, nous empaquetons nos affaires, demandons au personnel de l'auberge si ils peuvent garder notre gros sac pour la journée, mettons nos affaires à sécher dehors sur le grillage et enfourchons notre monture pour aller visiter les environs.

Nous nous rendons tout d'abord à Luba. Il s'agit d'un petit village traditionnel d'une vingtaine de maisons implantées en carré, regardant toutes vers le centre du village, où se trouvent les temples animistes et les mégalithes de pierre qui sont utilisés pour les sacrifices lors des cérémonies religieuses.

Les temples sont de deux sortes : les Ngadhu sont des poteaux en bois sculpté autour desquels des chaumes sont fixées pour former une sorte de cône pointe en haut, doté de deux mains portant une lance et une machette. Ils représentent les ancêtres masculins de chaque clan du village. 

Les Bhaga sont de petites maisons en bois peint dotées d'un toit de chaume, répliques miniatures de la partie intérieure de la maison traditionnelle. Elles représentent les ancêtres féminins de chaque clan.

À Luba, 5 clans habitent le village. Il y a donc une rangée de 5 Ngadhu qui fait face à une rangée de 5 Bhaga. Sur le toit de certaines maisons, on peut également voir de petits Ngadhu et de petits Bhaga. 

Ce sont les maisons des chefs des 5 clans. Aux coins de la plupart des maisons sont attachés des trophées de buffle d'eau. Sous la plupart des toits, on peut voir des mâchoires. Il s'agit des restes des animaux sacrifiés lors des rituels.

Nous faisons le tour du village en parcourant les trois terrasses en terre battue sur lesquelles il est assis. Nous saluons petits et grands. Une femme écrase au pilon des grains de café. 

Une autre est en train de tisser une étoffe sur un métier à tisser en bois. Nous observons des graines qui sèchent, étalées sur le sol, et un vieux monsieur nous indique qu'il s'agit de café et de cacao.

Nous verrons également des noix d'arec. Il nous semblait bien avoir vu des bouches un peu trop rouges dans le coin ! Les gens d'ici chiquent du bétel, comme en Birmanie.

Nous redescendons ensuite sur la terrasse la plus basse, où une dizaine d'hommes du village sont en train de préparer tout ce qu'il faut pour réparer le toit d'une des maisons. 

Certains sont en train de créer de fines cordes à partir des fibres qui se trouvent autour du tronc des palmiers à sucre, d'autres préparent de longues lattes de bois et des palissades à partir des troncs des bambous.

Au sol sont alignées des gerbes d'alang-alang, une herbacée qui servira à faire le chaume du toit. Nous nous asseyons sur une marche et observons le groupe travailler.

Au bout d'un moment, le chef du clan nous invite à nous asseoir sur le seuil d'une maison et une femme de son clan nous offre le café. Puis arrive Ignacius.

Ce jeune homme a conduit un touriste indonésien à Luba en mototaxi ce matin et il vient discuter avec nous pendant que son client visite les lieux. 

Il nous explique comment le village est organisé et répond à nos questions concernant les matériaux de construction.

Nous restons un bon moment dans ce village, ça nous plaît de voir ces gens qui vivent encore à l'ancienne et font tout en communauté. 

Nous avons de la chance de voir ce chantier de restauration de toit car Ignacius nous dit que, la plupart du temps, les villageois travaillent ensemble aux champs.

Nous quittons ensuite les lieux après avoir remercié chacun et nous nous rendons à Bena, un autre village traditionnel situé juste à côté. Celui-ci est bien plus grand !

Il est composé de 45 maisons réparties entre 9 clans. Nous prenons le temps de lire les très intéressants panneaux donnant des explications sur la vie de village, les rites et rituels, la symbolique des motifs des étoffes... 

Puis, nous déambulons dans ce village aux dimensions impressionnantes. Cependant, nous n'avons pas le même coup de cœur qu'à Luba, sans doute parce qu'ici, le village semble avoir perdu son âme.

Les villageois que l'on voit sont assis et attendent que le touriste (nombreux alors que nous étions quasiment seuls à Luba) leur achète des étoffes ou des babioles colorées.

Nous repartons peu de temps après. Nous nous rendons aux sources d'eau chaude de Manalage. Le paysage nous plaît beaucoup, entre bambouseraies et vues sur le volcan Inerie (lorsque la brume coopère). Nous arrivons bientôt à destination et faisons une petite halte sous une cahute.

Une jeune femme y propose de quoi se restaurer, là, au milieu de nulle part. Nous avons le choix entre nouilles frites et soupe de nouilles. Nous choisissons la version aqueuse car il fait chaud.

Nous aurons droit à des nouilles instantanées avec un œuf poché. Ce n'est pas un resto trois étoiles mais nous sommes bien contents d'avoir quelque chose à avaler.

Nous laissons ensuite notre scooter sur le parking et nous descendons à pied à la rivière. Sur les berges, un petit poste de péage a été installé, ainsi que des cabanes pour se changer, des toilettes et quelques abris pour se reposer.

Nous nous changeons et déposons nos affaires sur les galets avant de nous glisser à l'eau. La température est parfaite ! Nous nous trouvons à l'aval de l'endroit où se rejoignent une rivière et une résurgence d'eau brûlante.

On peut donc choisir l'endroit précis où l'on souhaite s'installer car on trouve toutes les nuances de température dans ce cours d'eau. Nous restons longtemps (très longtemps pour Arnaud qui a du mal à tenir en place). C'est comme un bain, mais en mieux, avec les remous et les courants parfois plus chauds, parfois plus froids.

Nous serons rejoints, bien plus tard, par les deux sœurs néerlandaises que nous avions rencontrées chez Ricardo et un groupe de jeunes gens qui habitent dans le même hébergement. 

Nous discutons un moment avec eux, puis ils nous quittent et rejoignent leur guide qui leur a préparé à manger. Ils déjeunent sous les abris pendant que nous continuons notre trempette.

Nous nous amusons beaucoup de voir des enfants indonésiens qui coiffent pendant des lustres un touriste avec un peigne. Après environ trois heures dans l'eau, nous sortons de la rivière et allons nous rhabiller.

Nous retrouvons bientôt notre scooter et rentrons à Bajawa. Le temps s'est tout couvert et nous traversons un paysage de brume qui ne manque pas de charme.

Heureusement que nous avons pu profiter du panorama ce matin ! Nous arrivons en milieu d'après-midi en ville. Arnaud y dépose Camille et va faire le plein.

Pendant ce temps, Camille récupère notre gros sac et nos vêtements désormais secs à la homestay et prend congé de la très gentille famille qui la gère.

Puis, elle se rend 100 mètres plus loin, où se trouve notre hébergement pour ce soir. Elle y fait le check-in et dépose nos affaires dans notre chambre. L'endroit est tout neuf.

C'est immense et ça sent bon ! Elle prépare un café et nous le buvons ensemble au retour d'Arnaud. Nous nous reposons ensuite le reste de l'après-midi.

Camille va prendre une douche, qui se révèle être aussi froide qu'à notre hébergement précédent. Dommage, il s'agit de l'endroit au climat le plus frais que nous ayons visité en Indonésie.

Alors qu'elle est encore dessous, une coupure de courant intervient. Plus de lumière (ce qui n'est pas très grave, il fait encore jour et la salle de bain est dotée d'une fenêtre) mais, surtout, plus d'eau !

Froiiiiiiid ! Pleine de savon !!!! Heureusement, le personnel de l'auberge apporte un grand seau d'eau à Arnaud et elle peut se rincer au baquet. Arnaud passera son tour pour ce soir !

La coupure d'électricité s'éternise. Nous décidons de sortir dîner plus tôt que d'ordinaire, nous avons déjeuné léger et nous pressentons qu'il sera peut-être difficile de trouver un warung qui serve sans courant.

Cependant, après avoir marché un moment sans éclairage public, ce qui est un peu périlleux, nous nous rendons compte que le quartier voisin bénéficie d'électricité.

Nous nous arrêtons au même warung qu'hier soir et dégustons riz, beignets de pomme de terre décidément excellents et poisson frit. Puis, nous rentrons.

En chemin, nous achetons des pâtisseries maison au petit stand où Arnaud nous a trouvé un goûter hier et nous les grignotons assis sur des chaises sur le parvis de notre auberge.

L'électricité n'est toujours pas revenue. On peut voir que les gens sont habitués car la plupart des échoppes ont des lampes solaires très puissantes et les locaux n'ont pas du tout l'air inquiet.

Nous rentrons ensuite dans notre chambre. Quelques temps plus tard, le courant est enfin rétabli. Arnaud tente d'aller prendre une douche mais la température de l'eau le fera changer d'avis.

Une toilette de chat sera suffisante pour aujourd'hui. Nous nous couchons assez tôt.